Impact de l’exploitation forestière
L’exploitation occasionne une perte de superficie du massif forestier permanent (environ 10 à 15%) et temporaire (environ 20%) qui comprend l’ensemble des ouvertures permanentes causées par les routes et les différentes plates-formes défrichées : zones de stockage, bases de vie, implantation des usines en forêt (DOUCET et KOUADIO, 2007). Elle modifie la composition floristique du peuplement forestier (arbres et végétation) d’une part, en prélevant sélectivement et de façon systématique certaines espèces d’intérêt économique et d’autre part, en ouvrant le couvert pour ses différentes infrastructures (pistes et plateformes).De part son caractère sélective elle modifie les proportions des différentes espèces forestières présentes, avec une réduction de classes de diamètre exploitées. Elle entraîne l’ouverture du couvert, la disparition de certains arbres ainsi que des dégâts dans le peuplement préexistant. C’est un des facteurs sylvicoles primordial de l’évolution ultérieure des peuplements forestiers tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Cependant, le contrôle de cette opération a trop souvent été négligé par le passé faute de moyens appropriés. Mais aujourd’hui, le contrôle de l’exploitation forestière doit faire objet de soins particuliers dans le cadre de l’aménagement des forêts denses humides (DOUCET, 2003 et BOYEMBA, 2011).L’ouverture du couvert forestier expose les sols à l’érosion pluviale, ce qui peut générer des érosions et des accumulations de sédiments. L’érosion des sols diminue la fertilité, elle peut gêner la régénération naturelle de la végétation et donc aggraver la perte de biodiversité (PIERLOT, 1966). Elle est aussi à la base de la diminution du nombre de semences disponibles. L’exploitation sélective d’un petit nombre d’espèces forestières, avec un prélèvement systématique de toutes les tiges bien conformées dépassant le diamètre légal, va supprimer du peuplement forestier une proportion significative des principaux arbres matures disséminateurs de graines pour ces espèces. Il peut s’en suivre une réduction de la disponibilité en semences pour la régénération naturelle de l’espèce ciblée (BERTAULT, 1995).
Brève présentation des espèces étudiées
Erythrophleum suaveolens (Guill. & Perr.) Brenan
Biologie et Ecologie
Arbre 9-40m, fût rarement droit, à 1,5m de diamètre, peu étayé (contreforts émoussé), souvent à faible ramification ; couronne danse, étalés, gousses, ouvert sans disperser les graines. Erythrophleum suaveolens (Tali) est présent dans les forêts humides semi-décidues, dans les forêts-galéries et les savanes boisées, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1100 m d’altitude. Il est absent des forêts sempervirentes (NSHIMBA. 2008)
Multiplication et plantation
Erythrophleum suaveolens peut être multiplié en pépinière ; les graines mettent 3 semaines à germer. Une inoculation avec Bradyrhizobium est bénéfique et donne des augmentations de taille de 20% et de diamètre de 28%, obtenues au bout de 4 mois ; Il y a eu des tentatives en Sierra Leone pour cultiver Erythrophleum suaveolens en plantation, mais la croissance était lente (prota4 2009). Les principaux organes d’Erythrophleum suaveolens récoltées à des fins médicinales sont les racines et l’écorce, tandis que le bois est exploité comme bois d’œuvre. Les herboristes traditionnels utilisent des techniques ad hoc pour mettre les racines à jour et écorcer les tiges. Pratiquement tous les arbres, jeunes ou vieux, sont touchés par ces pratiques.
Description de l’espèce
Arbre de taille moyenne atteignant 25(–30) m de haut, ramifié souvent à faible hauteur ; écorce finement fissurée, écailleuse, grise ; rameaux glabres. Feuilles alternes, composées bipennées à 2–4 paires de pennes ; stipules minuscules, tombant tôt ; pétiole et rachis atteignant 35 cm de long, pétiole épaissi à la base ; folioles alternes, 7–14 par penne, ovales à ovales-elliptiques, atteignant 9 cm × 5,5 cm, base asymétrique, apex acuminé obtus. Inflorescence : panicule axillaire constituée de grappes spiciformes atteignant 12 cm de long, à courts poils jaunâtres. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, blanc jaunâtre à jaune verdâtre ; pédicelle d’environ 1,5 mm de long, à poils rougeâtres ; lobes du calice de 1–1,5 mm de long ; pétales de 2–3 mm × 0,5 mm, à poils courts sur les bords ; étamines 10, libres, d’environ 5 mm de long ; ovaire supère, à poils de couleur rouille, 1-loculaire, stigmate en coupe. Fruit : gousse plate, légèrement arquée, déhiscente, de 5–17 cm × 3–5 cm, à stipe souvent latéral, largement arrondie à l’apex, pendante, à 6–11 graines. Graines oblonguesellipsoïdes, d’environ 15 mm × 11 mm × 5 mm. (LEJOLY, J. et al. 2010)
Entandrophragma cylindricum Sprague
Biologie et écologie
Entandrophragma cylindricum est très commun en forêt semi-décidue, notamment dans les régions où la pluviométrie annuelle avoisine les 1750 mm, où la saison sèche dure de 2–4 mois et où les températures annuelles moyennes sont de 24–26°C. Il tolère mieux les forêts sèches que les autres Entandrophragma spp. Néanmoins, on peut aussi le rencontrer en forêt sempervirente. En Ouganda, il est présent en forêt pluviale à 1100–1500 m d’altitude, parfois dans les fourrés et dans les forêts-galeries. Il préfère les endroits bien drainés ( prota4u 2009).
Tempérament et croissance diamétrique
E. cylindricum est une espèce héliophile, c’est-à-dire exigeante en lumière à tous les stades de son développement, et dont la germination des graines est stimulée par des trouées dans la canopée. Sa régénération et sa croissance ne dépendent pas de la structure globale du peuplement mais plutôt de l’occurrence d’ouvertures de la canopée. Les individus jeunes grandissent donc rapidement si les conditions de luminosité sont bonnes, et ils meurent dans le cas contraire. La lumière est essentielle au développement d’une plante et la compétition pour cette ressource est permanente au cours de sa vie (OLDEMAN et VAN DIJK, 1991 in BOYEMBA, 2011) proposent une classification des espèces suivant leurs stratégies de croissance et de développement en fonction de la lumière.