Végétation
Par suite de sa situation en lisière du bassin Nord-est du Congo, et de l’influence de facteurs édaphiques et anthropiques, la végétation de Yangambi comprend un pourcentage élevé de types forestiers subéquatoriaux. Cette végétation peut se répartir en 3 groupements principaux :
Groupement des plateaux
* Cultures et palmeraies : L’INERA, par l’installation des cultures, a fortement bouleversé la structure de la forêt.
* Jachère jeune correspondant plus ou moins à l’alliance Caloncoba-Tremion (Lebrun et Gilbert, 1954).Elle forme un massif très touffu à couvert bas et épais, colonisé par Vernonia conferta et Macaranga monodora.
Le sous-bois très dense est constitué surtout de Zingiberaceae, de Costaceae et Marantaceae mêlées à de nombreuses plantes grimpantes (Leea, Dioscorea, …).
* Forêt secondaire jeune : Elle comprend l’alliance Musangion-cecropioïdes (Lebrun et Gilbert, 1954).C’est le stade bien connu de la parasoleraie où l’on rencontre également en mélange Harungana madagascariensis et Myrianthus arboreus
Le sous-bois est encombré et occupé par des espèces de la forêt secondaire plus âgées comme Petersianthus, Albizzia, Tetrapleura, … qui émergent de la strate herbacée principalement constituée par Afromomum thonneri .
* Forêt secondaire vielle (Alliance : Pycnantho-Fagarion Lebrun et Gilbert, 1954).
C’est une formation de transition caractérisée par une grande richesse floristique, un dôme inégal, avec par conséquent une stratification enchevêtrée et une grande abondance de lianes.
La strate arborescente est constituée d’essences héliophiles à croissance rapide : Petersianthus, Fagara, Uapaca, …
* Forêt semi-caducifoliée équatoriale et guinéenne (alliance Oxystigmo-Scorodophloeion (Lebrun et Gilbert, 1954).
Elle est caractérisée par une certaine hétérogénéité structurale, dans le plan vertical (strates souvent difficiles à différencier) comme dans le plan horizontal (mosaïque).
Le couvert est continu, les lianes sont relativement rares et le sous-bois est dense. Floristiquement, la strate supérieure comprend spécialement Scorodophloeus zenkeri Harms, Cynometra hankei , Erythrophleum guineense , Afrormosia elata , etc. Dans le sous-bois se rencontre surtout Anonidium mannii et Polyalthia suaveolens.
* Forêt primitive à Brachystegia laurentii (association Brachystegietum laurentii Germain et Evrard, 1956).C’est la forêt climax du plateau de Yangambi. C’est un groupement très lourd avec une nette dominance de Brachystegia dans la strate supérieure qui atteint 40-45m. Les strates herbacées et suffrutescentes sont peu denses : elles sont peuplées de sciaphytes tels comme Scaphopetalum thonnerii , Palisota brachythyrsa , Pavetta tetramera
La forêt à Gilbertiodendron dewevrei.
C’est une forêt primaire physionomiquement et synécologiquement proche de la forêt à Brachystegia. Elle est caractérisée par une strate supérieure pratiquement monophytique, des strates suffrutescente et herbacée fournies.
Forêts édaphiques liées aux sols hydromorphes.
* Forêts périodiquement inondées (ordre de Guibourtio-oubaguietalia (Lebrun et Gilbert 1954). Elles occupent des sites périodiquement inondés et possédant une strate arborescente relativement basse (20-25 m) et assez claire dans laquelle on rencontre Guibourtia demeusei . Les strates arbustives et herbacées sont peu fournies.
* Forêts marécageuses (ordre Mitragyno-Raphietalia Schnell, 1971). Elles constituent le groupement climax des sols marécageux. On y rencontre les végétaux à racines échasses (Coelocaryon) et de végétaux à racines pneumatophores (Mitragyna, Symphonia). La structure est dense et enchevêtrée, les lianes sont nombreuses.
Activités et pression sur le paysage
La population autochtone de Yangambi vivait autrefois des produits de la chasse et d’une agriculture peu développée, et vers les années 1956, elle s’était organisée en paysannats agricoles. Sur les rives du fleuve sont installés les Lokelé. Ils sont aussi pêcheurs soit en eaux profondes soit dans les canaux pièges qu’ils organisent et entretiennent sur les îles depuis la naissance de celles-ci. Bien que l’agriculture fût peu développée à cette période, néanmoins plusieurs plantations situées le long du fleuve étaient toutefois exploitées avec soin. Actuellement, la population est constituée en majeure partie de travailleurs de l’INERA qui se sont convertis en agriculteurs. Ceux-ci, vu la situation conjoncturelle que traverse ce centre de recherche, ont dû pratiquer l’agriculture en dévastant les réserves forestières afin de subvenir à leurs besoins (Kambale, 2007)