L’effondrement du modèle soviétique
« L’année 1989 restera dans l’Histoire celle de la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est. De Varsovie à Budapest, de Berlin-Est à Prague, de Sofia à Bucarest. En quelques mois, tout l’ édifice érigé par Staline entre 1945 et 1949 s’effondra comme un château de cartes. […] A Moscou, le régime a été la victime du marché dont le succès, à l’échelle mondiale, ont convaincu une fraction des dirigeants que l’URSS allait perdre la bataille économique. En Europe orientale, au contraire, c’est la contagion démocratique venue de l’Ouest qui , en proposant un modèle aux aspirations des peuples, a balayé un communisme importé. »Lesourne, B.Lecomte, L’après communisme, Robert Laffont, 1990.Une manifestation organisée par le syndicat Solidarnosc le 1er mai 1989 dans les rues de Varsovie (Pologne).
« Révolution de velours » en Tchécoslovaquie. Comme un peu partout en Europe de l’Est, contrairement aux pratiques habituelles, les manifestations de l’automne 1989 ne sont pas réprimées et vont précipiter la chute du régime communiste. Ici, un rassemblement d’étudiants, le 17 décembre 1989, sur la place Wenceslas à Prague.
Télégramme de l’ambassadeur de France au ministère des Affaires étrangères français, Moscou, le 4 décembre 1989 :
« Les événements de Varsovie, Budapest, Berlin, Sofia, Prague ont débouché à Moscou sur une transformation radicale du comportement soviétique traditionnel. Devant le démontage du système communiste dans ces capitales, les Soviétiques n’ont pas encore bougé. Ils ne sont pas intervenus. Bien plus, ils n’ont pas condamné. Bien plus encore, ils ont approuvé. Bien plus toujours, ils ont encouragé voire suscité. Un tel comportement constitue sans doute l’événement politique le plus marquant de ces dernières années. M.Gorbatchev a renoncé à l’usage de la force dans les démocraties populaires… »
Quel nouvel ordre international va-t-on construire ?
L’hyperpuissance américaine
Discours du Président américain George Bush au Congrès, le 11 septembre 1990
« Nous sommes réunis ce soir, témoins dans le golfe Persique d’évènements aussi significatifs qu’ils sont tragiques. Aux premières heures du 2 août, à la suite de négociations et après que le dictateur irakien Saddam Hussein eut promis de ne pas recourir à la force, une puissante armée irakienne envahit son voisin nullement méfiant et beaucoup plus faible, le Koweït. En l’espace de trois jours, cent vingt mille soldats irakiens et huit cent cinquante chars avaient déferlé sur le Koweït, et marchaient vers le sud pour menacer l’Arabie Saoudite. C’est à ce moment-là que je décidai de contrecarrer l’agression. À l’heure actuelle, nos vaillants soldats, hommes et femmes, montent la garde dans ce désert distant et sur des mers lointaines, aux cotés de forces de plus de vingt autres nations. (…)Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays. Nos objectifs dans le golfe Persique sont clairs, précis et bien connus :
– L’Irak doit se retirer du Koweït complètement, immédiatement et sans condition ;
– le gouvernement légitime du Koweït doit être rétabli ;
– la sécurité et la stabilité dans le golfe Persique doivent être garanties ;
– les ressortissants américains à l’étranger doivent être protégés.
Ces objectifs ne sont pas seulement les nôtres. Ils ont été approuvés par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (…)
La plupart des pays partagent notre volonté de faire respecter les principes. Et un grand nombre d’entre eux ont intérêt à ce que la stabilité règne dans le golfe Persique. Ce n’est pas, comme Saddam Hussein le prétend, les Etats-Unis contre l’Irak. C’est l’Irak contre le monde. Comme vous le savez, je viens d’avoir un entretien très fructueux avec le président de l’URSS, M. Mikhaïl Gorbatchev. Je suis content que nous oeuvrions de concert en vue d’établir de nouvelles relations. À Helsinki, nous avons affirmé, dans notre communiqué commun (’), notre détermination à réagir devant la menace que l’Irak fait peser sur la paix. Nous avons déclaré, je cite : » Nous sommes unis pour estimer que l’agression par l’Irak ne doit pas être toléré. Aucun ordre international pacifique n’est possible si des états plus forts peuvent dévorer leurs voisins plus faibles. » Il est clair qu’aucun dictateur ne peut plus compter sur l’affrontement Est—Ouest pour bloquer l’action de l’ONU contre toute agression.
Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.
Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. Une centaine de générations ont cherché cette voie insaisissable qui mène à la paix, tandis qu’un millier de guerres ont fait rage à travers l’histoire de l’homme. Aujourd’hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles.(…) »