Cours la forte taxe qui protège les industries locales, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
Section A : Main d’oeuvre ayant l’expérience de la filière
Madagascar possède de la main d’oeuvre qualifiée pour exercer dans la filière sucre. En effet, la seule explication vient de l’histoire du pays pendant la période coloniale. La plantation de canne à sucre existait déjà pendant la colonisation. Puis elle se perpétuait après l’indépendance avec la création des deux sociétés d’Etat à savoir : la SIRAMA (Siramamy Malagasy) qui possède quatre complexes sucriers qui se trouvent à Ambilobe, Namakia, Nosy-Be et Brickaville et la SIRANALA (Siramamy d’Analaiva) qui se situe dans la plaine de Morondava.
Plusieurs faits expliquent la qualification de la main d’oeuvre pour l’avenir de la filière sucre.
D’abord, les techniques de culture acquises depuis la colonisation sont transférées d’une génération à l’autre. En un mot, la main d’oeuvre malgache a une connaissance acquise en cent ans d’expérience pour la promotion de la filière.
Ensuite, on signale la capacité de la main d’oeuvre à recevoir et assimiler avec facilité les techniques de culture moderne. En effet, le Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS) avec la coopération du CIRAD de la Réunion encadrent les planteurs et les mains d’oeuvre malgache et forment celles-ci au cas où la CIRAD introduit une nouvelle variété de canne à sucre sur le territoire malgache.
En outre, les personnels et les planteurs démontrent leur professionnalisme en créant des organisations professionnelles ou des coopératives. Ainsi, les deux entreprises industrielles emploient plus de 150003 employés permanents et saisonniers, en plus de 21 pré coopératives organisées par la SIRAMA et regroupant plus de 500 planteurs.
Enfin, Madagascar ne souffre pas de problème de main d’oeuvre pour développer la filière. En effet, en plus des 1500 employés de cette filière, l’existence d’une population jeune malgache (60% des malgaches ont moins de 25 ans) est prometteuse pour le développement de la filière sucre. En d’autres termes, de nouveaux recrutements seraient possibles au cas où l’industrie sucrière malgache augmenterait sa capacité de production.
Bref, le problème de la filière sucre découlant de la main d’oeuvre et du personnel est loin de se produire grâce à leur bonne qualification professionnelle.
Section B : la forte taxe qui protège les industries locales
Dans le contexte de la mondialisation de l’économie tous les pays doivent faire face à une ouverture économique. De ce fait, toute forme d’obstacle tarifaire et non tarifaire doit être levée. En terme d’obstacle tarifaire, on peut citer le droit de douane, les taxes sur les importations, le droit d’accise, le droit de timbre douanier, la taxe statistique à l’importation, la TVA ou Taxe sur la Valeur Ajoutée, les redevances perçues au cordon douanier.
Cette lourde taxation deviendra alors un atout pour les industries des pays développés car la conquête de marché sera une aubaine pour eux.
Par contre, les industries des pays en voie de développement (PVD) seraient victimes de cette ouverture économique.
En fait, les industries locales de ces PVD n’arrivent pas à concurrencer les exportations provenant des pays riches pour les raisons suivantes :
· La technologie de production utilisée par les industries des pays riches augmente la production et diminue le coût de production. Lorsque les industries percent les marchés locaux des pays en voie de développement, les industries locales seraient confrontées à d’énormes difficultés à écouler leurs produits.
· Les produits des industries des pays riches s’alignent sur une norme internationale tandis que ceux des pays pauvres ne le sont pas.
La seule solution utilisée par ces PVD consiste à instituer un système de protectionnisme pour protéger l’industrie locale.
Tel est le cas de Madagascar qui utilise ce système de taxation pour protéger la filière sucre. Le tableau ci-dessous illustre ce dispositif de protectionnisme.
Tableau 8 : Droit et taxe sur l’importation de sucre :
D’après ce tableau, on constate une augmentation générale de droit et taxe pesant sur l’importation du sucre étranger. Si le cumul affiche en 1998 un pourcentage de 51%, ce chiffre est augmenté par la loi de finance 2000 à 86% puis une légère baisse est constatée selon la loi de finance 2004. Ceci est expliqué par le renforcement du protectionnisme de l’Etat malgache pour développer le sucre local et le mettre à l’abri de la concurrence étrangère. La redevance perçue au cordon douanier est très importante parmi ces taxes et droits. Elle est de 35%. Tous sucres étrangers seront frappés par ces droits s’ils veulent percer le marché local malgache.
L’institution de ces barrières tarifaires sera bénéfique pour le sucre malgache.
Elle donne à la SIRAMA et la SUCOMA une chance d’améliorer leurs productivités et leurs qualités de production pour conquérir le marché local malgache.
Section C : Investissements importants pour relancer la SIRAMA
On sait que les sociétés SIRAMA et SIRANALA ont connu des difficultés il y a quelques années.
L’une des causes de ces difficultés de la SIRAMA est l’incapacité de l’Etat à faire marcher l’usine. Il y a une crise de gestion publique au sein de ce type d’industrie.
De ce fait, la SIRAMA n’arrive pas à payer le salaire de son personnel dont un arriéré de deux années actuellement réglé par l’Etat malgache pour payer les employés de SIRAMA d’Ambilobe. Ceci marque déjà un pas dans la restructuration de cette société.
En ce qui concerne la SIRANALA, grâce à sa location gérance accordée à la SUCOMA qui est une société chinoise spécialisée dans la production de sucre, des résultats positifs doivent être obtenus.
Le gouvernement va élaborer une stratégie nationale pour relancer la Société SIRAMA. Un investissement de l’ordre de 160.000.000 d’Euros sera consacré par l’Etat malgache pour donner un souffle à la SIRAMA et 22.000.000 d’Euros seront affectés à l’agriculture et la paysannerie (culture de canne à sucre) et 136.000.000 d’Euros dédiés à la transformation.
L’existence de cette somme de 160.000.000 Euros4 sera bénéfique pour la SIRAMA pour les raisons suivantes :
· la possibilité d’augmenter la productivité de sucre.
· L’usine pourra améliorer sa gamme de produit sucrier.
· L’achat de nouvelles machines diminuera le coût du sucre sur le marché local et
le sucre local sera capable de concurrencer le sucre étranger.
Section D : Le rôle d’appui du CMCS pour la promotion de la filière et la coopération du CIRAD pour bénéficier de nouvelles variétés de canne à sucre
La filière sucre bénéficie des impacts positifs du rôle du centre national appelé Centre Malgache de la Canne et du Sucre. C’est un établissement public créé le 04 Février 1969 sous le nom de “ Caisse de Stabilisation de la Canne et du Sucre ” (CSCS) portant le statut d’Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC).
Suite à l’évolution du contexte économique de Madagascar, cet établissement a été rebaptisé “ Centre Malgache de la Canne et du Sucre ” (CMCS) par le Décret N°93-303 du 27 Mai 1993.
Le CMCS est actuellement sous tutelle de deux ministères :
· Ministère de l’Industrialisation du Commerce et du Développement du Secteur Privé.
· Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Il a pour objectifs essentiels :
d’accroître les exportations du sucre vers les marchés préférentiels (UE, USA)
d’améliorer le Taux de consommation annuel du sucre par les habitants à Madagascar.
de rendre les paysans planteurs de canne plus à la hauteur de leur métier
d’améliorer les résultats de recherche en canne à sucre.
d’entretenir et rentabiliser la coopération avec les organes ou homologues étrangers.
Les principales activités du Centre sont :
· La redynamisation du secteur sucrier à Madagascar.
· La proposition et la réalisation de toute mesure adéquate pour l’organisation et la promotion de la canne et du sucre ainsi que son écoulement.
· L’assurance des opérations d’intervention technique, au niveau des groupements des planteurs de canne à sucre.
· La mise à disposition de toutes informations et documents techniques nécessaires à l’étude et la réalisation des projets.
· Le contrôle des normes et qualités des produits au niveau de la fabrication.
· Le suivi de la réalisation des quotas d’exportation.
· Le suivi des importations du sucre.
· La gestion de la banque de données du secteur sucrier malgache.
· La coordination des actions interprofessionnelles.
· L’introduction de nouvelles variétés de canne à sucre sur le territoire malgache :
actuellement, le nombre de variétés recensées est chiffré autour de 500 à Madagascar. Une fois ces variétés trouvées, le CMCS va procéder à leur vulgarisation auprès des industries sucrières malgaches. Chaque année, on vulgarise ces variétés puis on vulgarise aussi les planteurs. Au niveau de la vulgarisation des planteurs, les variétés de canne à sucre offertes aux planteurs doivent être fonction de leur technique de culture, de leur capacité financière.
Donc le CMCS doit tenir compte de ces critères lorsqu’il veut vulgariser ces planteurs. De ce fait, la vulgarisation se manifeste par la distribution de pépinière par exemple à Brickaville.
· Le CMCS forme aussi les paysans sur les techniques culturales.
· Il les forme sur la technique de gestion afin de savoir calculer les coûts pour dégager les profits.
· Le CMCS dirige l’organisation des récoltes c’est-à-dire effectue un contrôle de maturité, une programmation sur la coupe afin d’éviter l’avarie lors de la récolte.
· Il organise le transport de la canne à sucre vers l’usine. Chaque jour lors de la récolte, il est imposé un quota à chaque planteur car il se peut que l’usine n’arrive pas à faire face à l’offre des producteurs (paysans).