Cours importance du diagnostic et impact économique, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
Le parasitisme entraine une chute de production laitière
Sanchez et Dohoo (2002), dans une enquête portant sur les anticorps anti Ostertagia ostertagi présents dans le lait de tank de troupeaux laitiers de l’Île-du-Prince-Édouard, ont cherché à quantifier la relation entre les taux d’anticorps anti Ostertagia ostertagi dans des échantillons de lait prélevés dans des tanks de fermes laitières de l’Île-du-Prince-Édouard (I.P.E.) et la production laitière et les pratiques de gestion de troupeaux potentiellement reliées à des infestations gastro-intestinales par les nématodes.
Les échantillons de lait ont été obtenus à partir de 289 à 322 fermes laitières par mois au cours de l’an 2000. Les données reliées à la production et à la gestion étaient disponibles pour 197 et 200 fermes respectivement. L’exposition des vaches au pâturage et le traitement anthelminthique des troupeaux entiers étaient les seules variables de gestion significativement associées aux taux d’anticorps mesurés à l’automne. L’augmentation des taux d’anticorps observée entre les 25ième et 75ième percentiles (intervalle interquartile) était associée à une diminution de la production de lait de 1,2 kg/vache/jour.
Les résultats de cette étude indiquent que le titrage immunoenzymatique utilisant un antigène adsorbé pour les anticorps contre O. ostertagi est une technique potentiellement utile pour mesurer l’exposition au parasite chez des vaches laitières adultes et que les charges de parasites dans les troupeaux laitiers de l’I.P.E. ont un impact important sur la production laitière.
Sanchez et al. (2004) ont également réalisé une étude pour évaluer la relation entre les ratios de densité optique (ODR) obtenus par un test ELISA indirect anti Ostertagia ostertagi dans le lait, la quantité d’IgG dans le lait et la production laitière. Ils ont ensuite cherché à établir un facteur de correction pour ajuster ces ODR. Cinq cent soixante échantillons de lait ont été collectés auprès de 358 vaches sur quatre troupeaux de vaches laitières en Juin et en Août 2002.
L’ODR moyen était de 0,34. Une corrélation positive a été trouvée entre les ODR et les valeurs d’IgG dans le lait, le jour de lactation, l’âge et le nombre de cellules somatiques (CCS). Toutefois, l’ODR a été négativement corrélé avec la production de lait. Les quantités d’IgG et les valeurs ODR étaient constants de 30 à 200 jours de lactation. Cependant, l’ODR a augmenté de 200 jours de lactation jusqu’à la fin de la lactation.
Une augmentation de la production laitière du troupeau de 13 kg / jour a été associée à une diminution des valeurs ODR de 0,052. Les résultats de cette étude suggèrent que les valeurs ODR ne sont pas fortement influencées par des facteurs de production. L’ODR suit le même schéma que la variation d’IgG au cours de la lactation et peut être ajusté afin de comparer les valeurs ODR issues de la production laitière de vaches hautes productrices avec celles issues de la production de vaches de plus faible niveau de production laitière.
Le parasitisme chez les bovins est connu pour nuire à la croissance et au développement. Comme nous venons de l’évoquer, de récentes études suggèrent que la productivité des animaux adultes soit également affectée, mais les mécanismes impliqués sont peu connus. En outre, le développement de la résistance des nématodes au traitement anthelminthique rend impératif la recherche de pratiques de gestion qui permettent d’éviter le traitement de l’ensemble du troupeau.
Perri et al. (2011) ont entrepris une étude épidémiologique et une étude du système endocrinien dans une ferme laitière en Argentine pour étudier l’effet des parasites sur la production de lait et les mécanismes sous-jacents, et identifier les animaux qui pourraient bénéficier d’un traitement antiparasitaire individuellement. Toutes les vaches en lactation ont été suivies mensuellement par mesure du nombre d’œufs dans les fèces. Les échantillons ont été mis en culture pour la détermination des genres des nématodes présents. Les résultats de production laitière et de reproduction ont été enregistrés et des prises de sang pour des dosages hormonaux ont été réalisées. L’excrétion d’œufs des nématodes (OPG) est maximale à la fin de l’été et en automne et minimale au printemps et correspond avec le cycle d’Ostertagia, ce genre ayant eu la plus forte prévalence dans toutes les études. La plus forte proportion d’échantillons positifs a été trouvée dans les troupeaux de haut niveau de production et les valeurs maximales ont été trouvées dans la période encadrant le vêlage. La production de lait n’a pas été mise en corrélation avec les valeurs OPG moyennes, mais lorsque les vaches ont été regroupées par positivité OPG autour de la parturition, une différence significative a été observée dans la production laitière totale entre les vaches à OPG nuls et les vaches à OPG positifs. Les vaches positives produisent 7%, 12% ou 15% de moins de lait que les vaches à OPG nul, selon le mois d’échantillonnage. La plus grande différence a été observée lorsque des échantillons pré et post partum ont été pris en compte. Aucune différence dans la durée de lactation n’a été observée.
L’étude a montré une diminution dans le sérum de l’hormone de croissance (GH), du facteur de croissance de type I analogue à l’insuline (IGF-I) et de la prolactine pendant la lactation chez les vaches avec OPG positif dans l’échantillon post-partum par rapport aux vaches avec OPG nul au même moment (cf. figure 10). Les quantités de GH ont diminué et la prolactine et l’IGF-I ont augmenté dans les deux groupes de vaches dans les six premiers mois de lactation. Les quantités d’insuline sérique sont restées stables tout au long de la lactation et étaient similaires dans les deux groupes de vaches.
En conclusion, l’OPG au moment de la parturition peut être un outil utile pour identifier les vaches qui auront une diminution de la productivité due à des effets des parasites et qui seraient éventuellement susceptibles de bénéficier d’un traitement antiparasitaire. Par ailleurs, ces résultats suggèrent que des effets néfastes des parasites sur la production laitière peuvent passer par la GH, l’IGF-I et les quantités sériques de prolactine.
Figure 10: Dosages hormonaux durant la lactation de vaches OPG>0 et OPG<O (Perri et al., 2011)
Dosages sériques hormonaux durant la lactation de vaches avec (OPG> 0, la ligne en pointillés) ou sans (OPG = 0, trait plein) œufs de nématodes dans les fèces lors du premier prélèvement post-partum (entre le jour 0 et 29). (A) GH, (B) IGF-I, (C) prolactine et (D) insuline. Les différentes lettres minuscules indiquent des concentrations différentes de l’hormone à des moments différents (P <0,05).
Le parasitisme et la qualité du lait
Charlier et al. (2005) ont également mené une étude visant à enquêter sur les relations entre les niveaux d’anticorps anti Ostertagia ostertagi dans le lait de tank et différents paramètres de la production laitière. Des échantillons de lait de tank de 2553 troupeaux de vaches laitières ont été collectés au printemps et 2104 de ces troupeaux ont été prélevés une deuxième fois en automne. Les niveaux d’anticorps anti O. ostertagi ont été déterminés par des tests ELISA et les résultats ont été exprimés en rapports de densité optique (ODR). L’effet de l’ODR du lait de tank sur trois paramètres de production différents, quantité de lait, taux butyreux et quantité de matière grasse, taux protéique et quantité de matière protéique a été évalué par un modèle de régression linéaire multivariable sur les troupeaux pour lesquels des données de production étaient disponibles (n = 1063 au printemps et n = 867 à l’automne). La moyenne et l’écart type pour ODR automne (0,972 +/- 0,238) étaient plus élevés que pour ODR printemps (0,825 +/- 0,201). D’importantes relations négatives ont été trouvées entre l’ODR et la production laitière. Une augmentation de ODR printemps et ODR automne du 25e au 75e percentile a été associée à une baisse de production laitière annuelle de 1,1 kg / vache / jour, respectivement 0,9 kg / vache / jour. Lorsque l’ODR d’un troupeau a augmenté entre le printemps et l’automne de 0,142, ce troupeau a produit en moyenne 0,4 kg / vache / jour de moins en septembre qu’en avril, en comparaison avec les troupeaux où l’ODR n’a pas augmenté. Une association négative significative a été trouvée entre ODR automne et le taux protéique moyen au cours de la période d’un an. Aucune association significative n’a été trouvée entre les ODR et le taux butyreux moyen sur l’année. Lorsque les quantités de matière protéique et de matière grasse de septembre ont été exprimées en kg, une augmentation de ODR automne du 25e au 75e percentile a été associée à une diminution de 0.037 kg de matière protéique / vache / jour et de 0.042 kg de matière grasse / vache / jour