Etude Bibliographiques
Environnement, réservoir potentiel de microorganismes impliqués dans les infections nosocomiales
L’environnement hospitalier est représenté par les surfaces, l’eau, l’air, le linge, les aliments, les dispositifs médicaux et les déchets. En effet sa surveillance microbiologique représente une des étapes essentielles permettant le contrôle des infections nosocomiales.
Cet environnement peut constituer un réservoir potentiel de microorganismes, notamment des bactéries multirésistantes aux antibiotiques (Rutala et al., 1997).
La contamination de l’environnement hospitalier est diffuse et sa maîtrise, qui nécessite des techniques contraignantes, complexes et coûteuses, n’est que partielle et éphémère et elle varie qualitativement et quantitativement au niveau du même service ou bien d’un service à l’autre en fonction des techniques médicales utilisés d’une part et les patients d’autre part.
Les agents infectieux responsables des IN au niveau des hôpitaux sont plus fréquemment bactériennes, et plus occasionnellement virales, fongiques ou parasitaires.
Entérobactéries
Les entérobactéries et les bactéries à Gram négatif occupent une place importante en pathologie humaine infectieuse et surtout en milieu hospitalier car elles causent des maladies sévères à cause de mécanismes pathogéniques distincts.
E. coli
Escherichia coli peut coloniser les voies respiratoires supérieures et être par conséquence à l’origine d’infections pulmonaires, elle peut coloniser aussi l’appareil génitale ce qui va causer de méningites néonatales lors du passage du nouveau-né par cette appareil, ou suite à l’infection du liquide amniotique consécutive à une rupture prolongée des membranes.
Klebsiella pneumoniae
Klebsiella pneumoniae, constitue un agent important dans l’hospitalisme infectieux (Farah et al., 2007). Elle peut provoquer des infections urinaires et des surinfections des bronches chez les bronchitiques chroniques. Elle a été retrouvée chez des patients hospitalisés dans des unités de soins intensifs adultes ou pédiatriques (Carrer et al., 2011) aussi bien dans les services de néonatologie (Quinet et al., 2010)
Les infections staphylococciques apparaissent sous des aspects cliniques très variés, elles sont très élevées et fréquentes aussi bien en milieu hospitalier qu’en milieu communautaire et constitue un problème majeur de santé publique en raison de la virulence de ces bactéries ainsi que de leur résistance aux antibiotiques.
Staphylocoques coagulase négatif
La majorité des SCN peuvent être à l’origine des infections cutanées, bactériémies, endocardites, infections sur cathéter, infections ostéo-articulaire. S. epidermidis est l’espèce la plus fréquemment isolée en milieu hospitalier, elle est également responsable de septicémies notamment dans les services d’oncologie et de néonatologie.
Pseudomonas aeruginosa
Microorganisme responsable d’infections nosocomiales sévères allant jusqu’à 15 % dans les services de réanimation au sein des établissements de santé. Le portage endogène à l’admission des patients, l’acquisition des souches en cours d’hospitalisation à partir de l’environnement hydrique et la transmission croisée de patient à patient représentent les différents modes de transmission de cet agent (Bertranda et al., 2011).
Acinetobacter baumanii
Appartenant au groupe des non fermentants, cet agent représente un agent commensal des muqueuses de l’homme et se caractérise par sa survie d’une manière prolongée dans l’environnement hospitalier (Lahsoune et al., 2007).
Clostridium difficile
La contamination par CD se fait par la voie oro fécale; les mains des travailleurs de la santé peuvent être facilement contaminés par des contacts minimaux avec l’environnement du patient et par conséquence d’autres patients vont être infectés à cause de leur promiscuité (hospitalisation dans la même chambre qu’un patient infecté par CD) (Wilcox, 2003).
Virus
L’environnement hospitalier peut être contaminé par les virus, le plus souvent à partir du réservoir humain des malades et le personnel hospitalier.
Rotavirus : ce virus est responsable des diarrhées nosocomiales dans 50 % des cas. touchant bien spécifiquement les enfants malnutris et immunodéprimés en leur causant des gastroentérites aigues (Gouyon et al., 1989 ; Fournel et al., 2010).
Virus respiratoire syncytial : virus oro fécale dont la transmission se fait par le biais des mains du personnel lors des contacts directs avec les malades infectés, par les gants, et les surfaces environnant du malade (Gouyon et al., 1989 ; Fournel et al., 2010).
Norovirus : La transmission de ce virus se fait par des aérosols en causant des diarrhées, vomissement, nausées, crampes abdominales, fièvre (Marks et al., 2000 ; Cheesbrough et al., 2000 ; Simmons et al., 2001). D’autres virus peuvent conduire aux infections nosocomiales notamment les rhinovirus, coronavirus, adénovirus, entérovirus, virus de l’hépatite B qui est souvent observé en période néonatale, virus Influenza (virus de la grippe), Cytomégalovirus, virus des fièvres hémorragiques (Ebola par exemple).
Champignons
Les champignons filamenteux environnementaux (Aspergillus spp) sont très bien adaptés à la survie et la multiplication dans l’environnement responsable d’aspergillose invasive chez l’immunodéprimé (Brun et al., 2000).
Levures
Candida sp est le groupe de champignons commensale de l’homme, il est majoritaire au cours des infections fongiques nosocomiales en provoquant des candidoses dont la plus importante espèce est Candida albicans bien que Candida glabrata et Candida parapsilosis eux aussi représentent des agents impliqués dans les infections (Lachassinne et al., 2004)
Contamination des surfaces
La contamination d’une surface donnée par des micro-organismes, leur multiplication, et donc la colonisation de cette surface sont les étapes préalables qui se réunissent pour déclencher une infection.
Cependant l’environnement proche d’un patient porteur de bactéries multirésistantes aux antibiotiques peut se retrouver a son tour contaminer et servir de réservoir secondaire (Durocher et al., 2002).
La contamination des surfaces et donc la survenue d’une infection dépend de l’association de nombreux facteurs, outre que la présence du MO dans le réservoir environnemental.
En plus de la virulence et la concentration de l’inoculum au niveau des surfaces et sa capacité à présenter une résistance aux conditions défavorables comme le cas par exemple au Clostridium difficile, on distingue autres facteurs notons :
Qualité du bionettoyage
Les MO s’ils trouvent les nutriments qui leur sont nécessaires ils peuvent survivre au niveau des surfaces d’une manière prolongée en absence d’un bionettoyage très efficace : une semaine pour Staphylococcus aureus (Barbut et al., 2006).
Qualité de l’air
L’air a été régulièrement mis en cause lors d’infections, voire d’épidémies contractées à l’hôpital. Elle représente une des composantes de l’environnement hospitalier, contenant naturellement des particules inertes et des microorganismes pouvant être la source d’infections nosocomiales.
Ces MO peuvent être véhiculés par des poussières, les squames cutanées, les gouttelettes ou les microgouttelettes de salive, qui vont finir inévitablement par se déposer au niveau des surfaces, et plus les particules sont volumineux plus elles vont finir par se sédimenter rapidement, alors que les plus légères particules « dropplets nuclei » flottant dans l’air vont véhiculer des agents infectieux, rester plusieurs heures, diffuser à distance et pénétrer par inhalation dans les alvéoles pulmonaires des patients. Donc les prélèvements des surfaces d’un local vont nous donner à part de la qualité du bionettoyage une idée sur l’efficacité ou les défaillances d’un système de traitement d’air (Durocher et al., 2002 ; Barbut et al., 2006).
Aucune étude et aucune recommandation ne propose de traitement spécifique de l’air en réanimation. Cependant dans le cas ou la chambre va contenir des patients immunodéprimés il est nécessaire de réaliser une filtration de l’air afin de prévenir le risque aspergillaire (Durocher et al., 2002).
Durée de vie du MO (type pathogène ou opportuniste) sur un support inerte
Certaines Entérobactéries comme Serratia marcescens ainsi que les Entérocoques ont la capacité de survivre plus d’une semaine (Wendt et al., 1998).
Staphylococcus aureus et Acinobacter baumannii représentent des espèces présentant une certaine résistance à la dessiccation et peuvent survivre plusieurs semaines sur les surfaces sèches devant Pseudomonas aeruginosa.
Escherichia coli, entérobactérie la plus fréquente dans les infections nosocomiales est beaucoup moins résistante à la dessiccation (Wendt et al., 1998).
Mycobacterium xenopi, microorganisme habituellement peu pathogène, et qu’au cours d’un acte invasif peut aboutir à une infection par le biais d’un matériel rincé avec une eau contaminée.
Capacité du Microorganisme à adhérer à la surface et produire un biofilm
L’adhésion et la multiplication des bactéries sur nombreux supports (matériels, équipement, surfaces, sols, eau, …) représentent le facteur clé de la contamination microbiologique de l’environnement, tout cela contribue à la formation du biofilm qui constitue un réservoir important de MO, qui après sa fragmentation peut être véhiculé d’un point à un autre par l’intermédiaire de l’homme, les liquides, plus particulièrement l’eau, l’air sous forme d’aérosols constitués de poussières et de gouttelettes de liquides (Squinazi, 2006).
Lorsque les conditions environnementales sont favorables : la nature du germe, la température, le taux d’humidité, le type de surface il y aura la sécrétion des glycoprotéines ceci va aboutir à la formation d’une pellicule au niveau des surfaces pour assurer une bonne adhésion, et conférer aussi une certaine résistance contre les détergents et les désinfectants grâce à la formation de cette couche qui est de nature glycoprotéique.