Cours gestion des risques, tutoriel & guide de travaux pratiques les valeurs liées au risque en pdf.
Mondialisation de l’incertitude et nouveaux rapports au temps
Il fut un temps où les hommes pariaient sur l’avenir, il fut un temps où, même si aujourd’hui il est un peu difficile aux jeunes de vingt ans de l’imaginer, le seul mot de futur, le seul mot d’avenir était un poème à lui tout seul. C’était du temps où le diplôme était le sésame qui ouvrait toutes les portes. Depuis les temps ont changé et le monde encore plus. Les mutations économiques, technologiques, culturelles du la seconde moitié du XX siècle ainsi que l’accélération de la mondialisation avec sa flexibilité généralisée et ses exigences de réactivité toujours plus grandes ont bouleversé profondément notre rapport au temps. Il est devenu l’objet d’une accélération continue. Depuis nous nous épuisons à le dominer, aboutissement ultime de la logique : le temps c’est de l’argent (1). Ce sentiment de pouvoir vaincre le temps s’est accru avec l’instantanéité de la délocalisation qu’autorise l’explosion des nouvelles technologies de communication. On devient joignable sans être localisable en un endroit précis (2).D’où cette compensation de pouvoir être partout à la fois ,en pensant tenir la Terre entière au bout de ses portables, téléphone et ordinateur, devenus depuis peu, deux en un.
Par cette logique de l’urgence, nous sommes vite passés à la société de l’immédiat où sont valorisés les capacités de changement et d’adaptation ,où l’horizon à court terme structure beaucoup de nos actions et où la flexibilité économiques imposent l’instantanéité des relations et met à l’écart l’éventualité de l’engagement dans le temps. Quand on est ainsi happé par le temps, peut-on faire des projets pour que les générations futures récoltent ? ?Peut-on dessiner des horizons lointains ?Quel rôle pour la prospective quand le futur est engagé pratiquement dans le présent ? La question se pose d’autant plus que nous vivons au cœur d’une époque qui, outre la hantise du temps ,sature d’incertitudes, nourrit les égocentrismes et développe l’utilitarisme(3).
On ne le sait que de trop, l’utilitarisme condamne au présent. Il ne peut concevoir la solidarité, le don et le souci d’autrui qui la soutendent, qu’en les rapportant à des intérêts dérivés ou cachés(4).Rien n’est gratuit. Cette perception des rapports humains autre qu’en termes marchands n’est évidemment pas sans conséquence sur l’intériorisation du lien social et de la solidarité, valeurs indispensables en temps d’urgence, la vrai, celle des catastrophes naturelles ou technologiques.
En nous focalisant sur l’immédiat, le présent peut nous couper de nos racines et en plus conséquent, nous aveugler par rapport à l’avenir, lequel peut se transformer en une obscure menace. Un risque réel ! Ce risque apparaîtra incompréhensible si on essaie de l’approcher par le seul biais étroit de l’utilitarisme. Tchouang-Tseu ,un des trois grands sages taoïstes, écrivait que si tout le monde connaît l’utilité de l’utile, rares sont ceux qui connaissent l’utilité de l’inutile. Or les processus de développement propres à toute culture sont fondés par des pratiques non réductibles à cette seule dimension de l’utile. Si jamais on essaie de jeter l’ « inutile », on s’aperçoit toujours trop tard, que ce que l’on considérait comme « inutile », participait de l’essence même de ce qui nous serait un jour« utile ».
Les points d’intersection risque/prospective
Pour un tel rapprochement , on pourrait partir de l’objet même de la prospective. Formulé dans sa plus coutre définition, il consiste à anticiper l’évènement pour dessiner l’éventail des futurs possibles. Quand on sait que gérer les risques ,c’est aussi anticiper l’évènement mais pour éloigner un danger possible, on réalise la nécessaire complémentarité entre risque et prospective. En effet, il ne peut y avoir de possibles susceptibles d’advenir dans un contexte où les vies et les biens sont menacés.
La prospective n’a pas pour objectif premier d’apporter des réponses toutes faites – encore moins la bonne réponse supposée unique-mais d’élargir le champ du possible. Pare qu’elle rée ainsi une nouvelle liberté d’action, qu’elle aide à mieux choisir ,à mieux évaluer donc à mieux construire l’avenir. Elle donne du sens et du contenu aux choix démocratique.
Prise isolément ,sans l’analyse des risques, la prospective perdrait alors la plus grande partie de son utilité et même de sa réalité. Nombreux sont donc leurs points d’intersection .Les plus saillants se situent à trois niveaux : -La logique de l’anticipation -La même difficulté pédagogique de leur enseignement -La globalité de la vision et la nécessaire maîtrise du facteur temps.
Une même démarche proactive
En prospective comme en matière de gestion de risques naturels, la démarche est proactive dans un cas, on anticipe à la recherche d’opportunités nouvelles pour provoquer les changements souhaités, dans l’autre ,on anticipe pour pondérer l’impondérable et réduire autant que possible les conséquences de l’aléa . Donc, prospective et risques naturels ont en commun une logique d’anticipation et de préméditation(identification d’actions déterminantes)plutôt que de rattrapage et de remédiation(7).
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