Support de cours introduction à la didactique, tutoriel & guide de travaux pratiques didactique en pdf.
Définition, champs et objets
L’adjectif « didactique » caractérise depuis longtemps des œuvres à visée d’instruction. Aujourd’hui, près de 350 ans après la parution de la Grande Didactique de Comenius (1657), le nom féminin, la didactique, a deux sens :
1. Dans son acception commune, l’expression « didactique des langues », « didactique des mathématiques », « didactique de la mécanique », etc., renvoie à l’utilisation de techniques et de méthodes d’enseignement propres à chaque discipline. Les techniques retenues sont, bien entendu, différentes selon les matières, puisqu’elles dépendent directement des contenus à enseigner. L’enseignement des langues privilégie les techniques audio-orales, l’enseignement des sciences physiques la démarche expérimentale, l’enseignement des sciences économiques l’étude de cas. Les techniques pédagogiques retenues, leur adaptation aux caractéristiques de la discipline enseignée, ainsi que leur articulation, constituent la didactique de la discipline.
2. Dans son acception moderne, la didactique étudie les interactions qui peuvent s’établir dans une situation d’enseignement / apprentissage entre un savoir identifié, un maître dispensateur de ce savoir et un élève récepteur de ce savoir. Elle ne se contente plus de traiter la matière à enseigner selon des schémas préétablis, elle pose comme condition nécessaire la réflexion épistémologique du maître sur la nature des savoirs qu’il aura à enseigner, et la prise en compte des représentations de l’apprenant par rapport à ce savoir (épistémologie de l’élève). Comme on le voit, le sens du mot « didactique » s’est profondément modifié durant ces quinze dernières années. Deux causes concourantes nous semblent susceptibles d’expliquer l’engouement dont jouit ce concept aujourd’hui : d’une part, les résultats de la recherche dans le domaine « de la didactique des différentes disciplines », d’autre part, la conjoncture socio-institutionnelle.
Les résultats de la recherche. Il y a trente ans tout au plus (dans les années 75-80), les chercheurs ont pris conscience d’un phénomène dont personne ne s’était réellement avisé jusqu’alors. On découvre que « le pourcentage de Français adultes ayant effectué une scolarité normale et présentant malgré tout des lacunes graves dans le domaine des connaissances de base est loin d’être négligeable. »
La conjoncture socio-institutionnelle
Le début des années 80, incontestablement marqué par le discours des pédagogues généralistes, théoriciens de l’éducation, voit fleurir une terminologie (une de plus) que les enseignants du secondaire, d’abord spécialistes des disciplines, n’acceptent pas volontiers : il y est surtout question de pédagogie de la maîtrise d’objectifs comportementaux, de pédagogie différenciée, d’évaluation formative, de remédiation …, et ces innovations, sauf exceptions, ne pénètrent pas le corps enseignant.
Avec les travaux des didacticiens, le contenu retrouve sa prééminence, et l’on peut enfin faire de la « vraie pédagogie », à partir de travaux « sérieux », car ils sont effectués par des pairs sur une discipline connue et maîtrisée… Opposer la pédagogie et la didactique est absurde, ces deux domaines sont évidemment complémentaires et le praticien a tout intérêt à s’intéresser aux résultats publiés par ces deux branches de la recherche s’il souhaite augmenter l’efficacité de son enseignement. Le tournant amorcé par la didactique aujourd’hui, sous-tendu par le renouveau de la psychologie, qui désormais se préoccupe moins de comportement que de cognition (traitement de l’information, résolution de problème, représentation, intentionalité, but, effets de contexte…) présente quelques correspondances avec celui pris il y a cent ans par l’Éducation nouvelle : replacer l’élève au cœur du processus éducatif. L’élève des années vingt, avec son « activité », ses jeux, ses besoins, ses motivations, ses centres d’intérêt et ses projets… s’est désormais enrichi de schèmes, de représentations, d’’obstacles, de conflits sociocognitifs, de rapport au savoir, de pseudo-concepts… Il est devenu, lui aussi, un élève cognitif.
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