Appui et amélioration des systèmes de distribution privés
Une croissance soutenue de la productivité agricole requiert une innovation technologique continue, qui dépend (entre autres choses) de la disponibilité en temps utile des intrants tels que la semence, l’engrais et les produits chimiques pour les cultures. Les systèmes de distribution d’intrants menés par le secteur privé se sont montré un véhicule approprié pour garantir cette disponibilité. Par le passé, la distribution d’intrants à Madagascar était effectuée par des agences publiques et des organismes paraétatiques avec des résultats plus que mitigés. Ce constat a poussé les autorités à élaborer une nouvelle stratégie nationale pour la semence et l’engrais, centrée sur les prestations de service du secteur privé, mais cette stratégie n’a pas encore été mise en œuvre.
o Semence: La dissémination des variétés de semences modernes représente une des plus prometteuses sources de “gains rapides ” pour l’agriculture malagasy. Ces variétés modernes possèdent le potentiel d’accroître les rendements de pratiquement tous les principaux produits cultivés à Madagascar. La production et la commercialisation des semences sont, par nature, des activités commerciales, ce qui suggère que les efforts de renforcement des systèmes de distribution de semence devraient être menés par le secteur privé. En même temps, celui-ci peut avoir besoin de l’appui des autorités, notamment dans la phase initiale de ses activités. Cet appui pourrait se présenter sous deux formes: d’une part, des investissements publics qui réduisent les coûts de R&D des sociétés privées (par exemple, des investissements publics dans la recherche sur la phylogénétique et la production de semences de base), et d’autre part la promulgation de politiques qui favorisent l’émergence d’une filière de semence diversifiée et compétitive. Les actions spécifiques nécessaires dans ces deux domaines sont énoncées dans la Stratégie Nationale de Semence, récemment élaborée, dont la mise en œuvre a été stoppée par la crise politique.
o Engrais : Le développement d’une filière engrais efficiente, rentable et compétitive nécessite un renforcement de la demande d’engrais et des circuits
d’approvisionnement. La demande d’engrais demeure actuellement très faible à Madagascar, c’est pourquoi les actions entreprises pour améliorer l’approvisionnement n’aboutiront pas, à moins qu’elles ne soient accompagnées d’activités qui peuvent accroître la demande effective. Les interventions possibles comprennent des mesures qui peuvent améliorer la capacité des agriculteurs à accéder au crédit nécessaire pour acheter l’engrais, ainsi que l’utilisation de bons pour engrais, afin de rendre ce dernier accessible aux agriculteurs les plus pauvres. Il semble toutefois important que ces programmes restent limités dans le temps et que les subventions s’éliminent progressivement, au fur et à mesure que les quantités utilisées d’engrais augmentent et que la distribution commerciale devient rentable. Le programme d’urgence financé par la Banque Mondiale en 2008 pour promouvoir l’utilisation d’engrais pendant la crisealimentaire mondiale avait réussi à dynamiser la production, mais le programme s’est révélé très coûteux à cause d’inefficiences techniques et d’un taux très faible de remboursement des prêts, ce qui montre que le modèle de mise en œuvre mené par le secteur public n’est pas soutenable.
Renforcement des compétences des agriculteurs
L’amélioration des intrants, dont la semence et l’engrais, se doit d’être accompagnée par des programmes de formation auprès des agriculteurs, qui doivent apprendre à les utiliser. Maintenir les agriculteurs bien informés et dotés des bonnes connaissances repose sur un système de vulgarisation et de perfectionnement. En l’absence d’un service public de vulgarisation agricole, la seule option pratique à Madagascar pour la prestation de services de vulgarisation réside dans le recours à des prestataires de services privés et d’ONG. Dans un sens, cette dépendance semble souhaitable car les services de vulgarisation fournis par un service public géré au niveau central, ont été, en général, discrédités. Au cours des dernières années, le Gouvernement et plusieurs partenaires au développement ont essayé de promouvoir l’émergence de services de conseils privés en finançant la mise en place des Centres deServices Agricoles (CSA), dont la fonctio n consiste à mettre en relation les producteurs avec les prestataires de services. La mise en place du réseau de CSA s’est ralentie pendant la crise politique, et il semble encore trop tôt pour évaluer cette initiative. Son succès à long terme dépendra de l’existence d’une forte demande effective pour les services agricoles, parce que sans demande effective, il n’existera guère d’incitations pour les prestataires de services privés à développer leurs activités.
Pour cette raison, il importe de continuer à appuyer l’approche CSA en soutenant les organisations de producteurs, en vue d’une utilisation payante des services de conseils, comme aujourd’hui via un certain nombre de projets de développement qui devraient être coordonnés à travers le Fonds de Développement Agricole (FDA). Des efforts apparaissent également nécessaires pour renforcer les organisations de producteurs elles-mêmes, étant donné que celles-ci restent très peu développées à Madagascar par rapport à de nombreux autres pays (cf. Note sur la recevabilité sociale).
Reconnaissant le manque de capacité de la population rurale ciblée par les programmes de développement agricole, certains partenaires techniques et financiers ont engagé des ressources importantes dans une nouvelle initiative visant à renforcer les compétences de la main d’œuvre agricole. La plupart des interventions proposées ont été conçues pour décentraliser les activités de formation, en les déplaçant des établissements d’enseignement traditionnels, situés dans les grands centres urbains, vers les clients cibles situés dans les zones rurales. L’idée consistait à mettre à la portée des communautés rurales des cours de formation professionnelle qui leur permettraient d’améliorer leurs compétences techniques dans la gestion d’exploitations agricoles commerciales et d’entreprises agroalimentaires.
Identification des infrastructures les plus urgentes au niveau des exploitations
Le manque d’infrastructures reste une contrainte majeure, en particulier celles liées à l’irrigation, à la transformation des produits agricoles, et au stockage des récoltes.
Contrairement à la perception largement répandue selon laquelle supprimer les contraintes relatives aux infrastructures nécessite forcément des investissements publics massifs et soutenus, l’expérience montre que des investissements relativement modestes dans des infrastructures de petite échelle peuvent avoir des impacts rapides et significatifs sur la production. Une priorité urgente pour le gouvernement sera d’étendre l’irrigation par la stimulation des investissements dans des technologies d’irrigation de petite échelle accessibles (à la fois des systèmes gravitaires et des systèmes de pompes). La réussite des programmes pilotes mis en œuvre à Madagascar et dans d’autres pays montrent l’efficacité des financements à frais partagés comme moyen de mobilisation des contributions des bénéficiaires, et pour assurer la rentabilité des investissements ainsi que leur entretien au cours du temps. Trait distinctif qui a contribué à la réussite des systèmes d’irrigation de petite échelle, ces derniers se montrent plus susceptibles de répondre aux besoins des communautés locales, car ces dernières peuvent intervenir sur les décisions concernant la gestion de l’eau.
Amélioration des routes desservant les zones de production à haute potentialité
La transition d’une agriculture de subsistance vers une agriculture commerciale se doit de reposer sur un réseau routier qui relie les zones de production avec les marchés, pour les intrants et les consommateurs. De même, les agro-industries situées en milieu urbain et en périphérie ne peuvent s’approvisionner en matières premières à moindre coût en raison de la mauvaise qualité des transports.
Il demeure certain que la construction de routes se révèle coûteuse dans un contexte marqué par une forte contrainte sur le budget de l’Etat, ce qui requiert une action ciblée et modeste (cf. Note sur le transport). Actuellement, il existe peu de capacité pour entreprendre l’analyse rigoureuse nécessaire pour assurer que les investissements dans le transport soient ciblés efficacement. A plus long terme, il deviendra nécessaire d’évaluer l’importance relative des routes primaires par rapport aux routes secondaires et tertiaires, ainsi que le bon équilibre entre la construction de nouvelles routes et l’entretien des routes existantes. Les routes rurales se montrent, par nature, relativement chères à construire et entretenir, et peu rentables car elles desservent en général des zones à population éparse, où l’on peut s’attendre à une faible circulation, et la nature ainsi que la responsabilité de leur entretien ne pourront être déterminés que dans le contexte d’une politique de décentralisation bien comprise.
Lancement de partenariats public/privé (PPP) pour attirer les investissements
L’agriculture se présentant essentiellement comme une activité privée, la réalisation des objectifs politiques du gouvernement dépendra, de manière cruciale, de la volonté des investisseurs privés à s’engager dans le secteur. Les investisseurs, tant nationaux qu’étrangers, ont manifesté leur intérêt pour l’agro-industrie, mais ce potentiel a été affaibli par les obstacles légaux et administratifs ainsi que par le niveau élevé de l’ingérence politique dans les processus de décisions. Le Gouvernement a lancé un certain nombre d’initiatives visant à encourager les investissements comme, par exemple, la proposition de mettre à disposition des terrains à des termes concessionnels et l’exemption de taxes sur les machines agricoles importées, mais ces initiatives ont souvent manqué de transparence, et les avantages qu’elles ont générés ont souvent été capturés par une élite. Ces initiatives n’ont pas été suffisamment partagées et ne résultent pas d’un consensus, ce qui apparaît d’autant plus préjudiciable que le secteur est sensible, tant culturellement que socialement. L’expérience réussie de partenariats public/privé (PPP) dans d’autres pays en développement a permis de montrer qu’il est possible de trouver l’équilibre entre une exploitation commerciale rentable et le développement régional, par la création d’emplois et les synergies avec les petits agriculteurs; par exemple, par l’utilisation des systèmes transitionnels de production et l’établissement de contrats entre l’agro-industrie et les producteurs.
Renforcement de la recherche agricole
La recherche agricole peut et devrait jouer un rôle important dans les efforts collectifs en faveur du développement rural durable. Entreprendre des recherches sur le développement rural est une tâche bien plus complexe et exigeante que la recherche agricole traditionnelle, principalement orientée vers l’accroissement de la productivité et de la production. Cela requiert une meilleure compréhension et une perception élargie des forces dynamiques et des multiples facettes du développement rural.
La différente perception de ce que représentent le développement rural et la disparité des moyens d’appui et des ressources entravent l’élaboration d’un programme de recherche agricole pour le développement rural clairement défini. À cet égard, il est évident qu’il faudrait prendre en compte non seulement le rôle de l’agriculture et de la recherche agricole, mais aussi la participation des communautés, la formation, l’information, les changements institutionnels et l’élaboration des politiques.
Le schéma ci-dessous résume le lien entre l’agriculture et la croissance économique par l’intermédiaire de la politique agricole :
CONCLUSION
L’agriculture en conjonction avec d’autres secteurs non agricoles joue un rôle important dans le développement rural. Elle continue d’occuper une grande place dans la gestion des ressources naturelles. Mais l’évolution de l’économie entraine une baisse relative de la contribution de l’agriculture à l’augmentation des revenus des ménages ruraux et à leurs emplois. C’est dans ce sens que vient la problématique posée dans l’introduction formulée comme suit : De quelles manières l’agriculture pourrait-elle contribuer au développement rural ? Pour l’agriculture dans les pays en développement comme Madagascar, il est essentiel de définir le rôle que l’agriculture peut jouer dans le cadre élargi du processus de développement durable dans les zones rurales et de déterminer de quelle manière l’agriculture peut soutenir un tel rôle. C’est en relevant ces défis, et seulement ainsi, que la recherche agricole peut apporter une contribution précieuse et concrète au renforcement de la sécurité alimentaire et aux nombreux autres rôles que l’agriculture peut jouer dans une société moderne.
On pourrait également commencer par organiser le système de collecte de produits et penser à la façon de les répartir dans toute l’île car, à Madagascar, il existe bien des régions que certains produits agricoles n’atteignent pas.
Il est à souligner que les trois hypothèses énoncées au départ sont vérifiées .Donc, on peut affirmer que l’agriculture présente des caractéristiques qui en font un instrument unique du développement rural comme il a été étudié dans la première partie (cadrage théorique).On a vu parallèlement que le secteur agricole , conjointement avec d’autres secteurs ,peut accélérer la croissance et qu’elle tient un rôle majeur dans la relance de ma productivité. Ceci étant analysé dans les premières et deuxièmes parties.
L’objectif final du présent mémoire est de fournir des recommandations générales quant aux mesures à prendre pour renforcer la contribution de l’agricole au développement rural.