Caractéristiques des œufs
Les œufs des guifettes moustacs, sont lisses et légèrement brillants, de forme ovale, de couleur variable, le fond de l’œuf peut être vert bleuâtre, bleu pâle, fauve, olive pâle, quelques fois grisâtre ou brunâtre, tacheté de brun noirâtre et de gris pâle ; ces marques sont souvent éparses. Une zone de tâches plus accentuée, coiffe souvent l’extrémité large de l’œuf (Harrison, 1977) (Photo 9).
Le bilan des mesures biométriques des œufs (2005)
Les mensurations des œufs (longueur, la largeur et le poids), ont porté sur 238 œufs appartenant à 89 nids pour la saison 2005 (Tab.9).La distance séparant les 89 nids de berge ouest du lac, est en moyenne de 780.90 145.34 m, variant de 580 à 1290 m et la date de ponte est située en moyenne pour cet échantillon, le 3 La grandeur de ponte moyenne pour les 89 nids est de 2.67 0.06 œufs/femelle, elle a varié de 1 à 4 œufs (Tab.9). La longueur moyenne du contenu des 89 nids (238 œufs) est de 38.63 1.77 mm, elle varie de 35.55 à 41.9 mm (Tab.9). Les longueurs les plus fréquentes sont celles de 38.40 mm (Fig. 22 a). La largeur moyenne calculée pour 89 nids (238 œufs) est de 28.00 0.668 mm, elle varie de 25.99 à 29.26 mm (Tab.9). Les largeurs les plus fréquentes sont situées entre 27.5 et 29 mm (Fig. 22 b). Le poids moyen des œufs de guifette (N=89 nids), est de 14.71 0. 492g, elle varie de 13.3 à Il existe une relation significative et positive entre la longueur et la largeur des œufs, de façon que les œufs les plus longs sont également les plus larges avec (r=0.36; 87ddl ; p-value =0.0005) avec un IC95% pour R [+0.164 + 0.529]. (Fig.23 a). Il existe également, une relation significative et positive entre la longueur et le poids, de façon que les œufs les plus longs sont également les plus lourds avec (r=0.3831388 p-value = 0.0002). (Fig.23 b). Il existe une relation significative et positive entre la largeur et le poids, de façon que les œufs les plus larges sont également les plus lourds avec r=0.33 ; p-value = 0.0016. (Fig.23 c).
Le Volume des œufs
Le volume moyen (moyenne intra-pontes des œufs) a été calculé pour chaque taille de ponte. Ce descripteur, traduit le niveau d’investissement des femelles. Le volume est en moyenne égalà 14.76 0.95 (N=89 nids), il varie de 12.48 à 16.49 avec une médiane de 14.7 cm3. Les volumes les plus fréquents sont situés entre 14 et 15.5 g (Fig.24). L’investissement des femelles dans la production de gros œufs, n’est pas corrélé à la date de ponte. En effet, il n’existe pas de régression saisonnière du volume des œufs. La guifette pond des œufs ayant un volume plus ou moins stable au cours de la saison; avec (r=0.07; 87ddl ; P= 0.492) avec un IC95% pour R [-0.136 + 0.277] (Fig.26). Le volume moyen (moyenne intra-pontes des œufs) a été calculé pour chaque nid. Ce descripteur, avec la taille de ponte, traduisent le niveau d’investissement des reproducteurs et détermine la stratégie adoptée par les reproducteurs en cas de changements de l’environnement.
Le volume est sensiblement équivalent dans les 4 tailles de ponte (r=0.11; 87ddl ; p=0.295). Néanmoins des variations importantes sont enregistrées pour les pontes de 2 et 3 œufs qui sont d’ailleurs les plus fréquentes (Fig.27). Il est largement admis que chez de nombreuses espèces, les différences individuelles reflètent le statut des oiseaux (expérience, qualité des individus, ponte de remplacement d’individus ayant échoué lors d’une première tentative …). Il est donc logique d’observer une variabilité. II.3 Analyse des traits biométriques des œufs entre deux périodes Les comparaisons inter-annuelles des mensurations, des œufs n’ont donné aucune différence significative avec les ANOVAS suivants ; (F1,113=0.11 ; p=0.7436), pour les longueurs et (F1,113=0.34, p=0.5597) pour les largeurs. Il en est de même pour les volumes entre les deux saisons 1996/2005, ANOVA, (F1,113= 0.0776, p=0.7811). Ce résultat est attribuable à la fois aux longueurs et aux largeurs des deux périodes (Fig.28 a- c).
Le travail sur la population de guifettes moustac, a été initié en 1996/1997 et poursuivi en 2005/2006. Il s’agit d’un travail exploratoire et empirique à la fois, axé sur des questions appliquées, du fait que l’espèce n’a fait l’objet d’aucune étude approfondie et n’a connu un intérêt qu’après la parution du premier travail (Bakaria et al. 2002). Par conséquent, les études sur lesquelles s’appuyer à titre de comparaison étaient peu nombreuses. Nous avons pu affiner certains aspects de la reproduction de la colonie et constater que les changements qui se sont produits au cours d’une dizaine d’années, concernent essentiellement le développement de la végétation émergée et particulièrement la nupharaie, qui constitue l’habitat par excellence pour l’installation de la colonie de guifette moustac. Cependant, les changements de la structure de la nupharaie, ont aboutit au déplacement de la colonie vers le centre du lac et à la réduction de la taille des nids en raison de l’utilisation de plantes souples, présentes aux alentours immédiats des nids. Les changements dans la composition et la taille des nids ainsi que leur emplacement par rapport à la rive du lac, n’ont pas influencé la taille des œufs ni celle de la ponte. Cependant les précipitations et en particulier les fortes averses provoquent des élévations brusques des niveaux d’eau qui, par voie de conséquences, peuvent retarder voire compromettre les pontes. Par ailleurs, ce facteur peut avoir, à chacune des phases de la reproduction, des effets catastrophiques. Les conditions météorologiques constituent donc, un facteur déterminant du taux d’éclosion chez les guifettes puisque leurs nids sont flottants sur l’eau et leur structure est lâche. Le succès à l’éclosion de la colonie est en général, plus élevé et plus stable par rapport à celui des colonies nichant dans d’autres zones géographiques, traduisant l’équilibre de la population et du milieu qui l’abrite. Il manque une partie importante de données dans notre étude. En effet, notre protocole souffre de l’absence de données sur les pertes post-éclosion.