ETAT PARODONTAL DES JEUNES SCOLARISES AGES DE 12 à 18 ANS
INTRODUCTION
La santé, telle qu’elle a été définie par l’OMS (1) est un “état de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”. Comme la cavité buccale fait partie des organes nobles de l’organisme humain, la santé bucco-dentaire ne peut être ainsi séparé de la santé générale (2), car les affections bucco-dentaires peuvent être un signe ou un facteur aggravant d’une maladie générale. L’organisation des services de santé dans l’Union des Comores (UC) est toujours à l’état embryonnaire. Le domaine de la santé bucco-dentaire reste encore preoccupant malgré les efforts déjà deployés ces dernieres années pour son amélioration. Les problèmes de santé de la population comorienne sont liés à la faiblesse des resssources économiques, à la pauvreté, à la malnutrition, aux conditions géoclimatiques et aux coutumes, surtout dans les régions rurales La majeure partie de la population néglige la santé bucco-dentaire et ignore aussi les effets néfastes de la déterioration de la denture sur la santé générale. La bouche représente un élément anatomo-physiologique vital du corps humain. Le parodonte, un de ses elements constitutifs est souvent le siège de pathologie specifique à savoir la parodontopathie (4). Il est internationalement admis que les problèmes de santé bucco-dentaire, notamment ceux liés à la carie et aux parodontopathies n’épargnent aucun pays du monde, mais l’aspect du problème change selon qu’on s’adresse à un pays économiquement développé ou à un pays en voie de développement (5). Le taux de parodontopathie est relativemnet plus faible que celui de la carie dentaire pendant la jeunesse mais ce taux augmente avec l’âge et devient plus important à partir de 30 ans.(6) De nombreux indices ont été proposés pour établir l’état parodontal, tels les indices: papillaire marginal attaché(PMA), gingival index(GI), periodontal disease index(PDI), oral hygiene index(OHI), et community periodontal index of treatment need(CPITN) (7) Un indice, pour être applicable, doit être simple, pour pouvoir être mis en oeuvre rapidement, se réferrer à des signes courants et bien définis sans prêter confusion tandis que les connaissances, attitudes et habitudes peuvent évoluer à partir de l’analyse des réponses à une série de questions. Les résultats ainsi obtenus vont permettre d’envisager plus tard un programme d’éducation pour la santé de la population cible. Sur le plan étiologique, les facteurs locaux tels que la plaque dentaire et le tartre induisent l’inflammation et les lesions parodontales qui, en absence de traitement, aboutissent, tout comme la carie dentaire à la disparition de la dent par la perte des élements du parodonte suivi de la mobilisation de la dent et de sa chute. Les mauvaises conditions d’hygiène orale favorisent l’action des facteurs irritants et accelèrent le processus pathologique (9) L’interception précoce des lésions parodontales et l’application de méthodes préventives efficaces permettent de préserver la santé parodontale. Cette prévention peut s’inscrire dans un vaste programme communautaire, mais il faut auparavant disposer des données épidémiologiques de la morbidité et des habitudes de la population. Si la maladie parodontale est multifactorielle, la plaque dentaire bactérienne reste néanmoins le facteur étiologique déterminant (9). Sur le plan épidémiologique, d’après des travaux en Europe et en Amérique (10), la prévalence de la gingivite varie beaucoup, allant de 9% à 95% pour les enfants et de 70 à 95% pour les adultes. Dans certains pays d’Afrique, comme au Niger, à 6 ans 98,7% des enfants présentent le score maximum 2 du CPI et 99,3% des 18 ans(11). A Madagascar, seuls 12,8% des enfants de 6 ans présentent le score maximum 0 du CPI alors qu’à 18 ans 90,9% présentent le score 2(12).
Parodonte
Le parodonte est l’ensemble des tissus qui entourent et soutiennent la dent (gencive, os alveolaire, ligament, ciment)(13). Il joue un rôle d’une part de barrière contre les aggressions externes (tissus kératinisés, attache épitheliale, gencive attachée) et d’autre part de zone épithéliale grâce à sa vascularisation abondante
Pathologie
La gingivite et les parodontites sont sans conteste des maladies d’origine infectieuse. Les bactéries de la plaque dentaire sont responsables de l’état inflammatoire de la gencive. Toutefois, la relation entre la gingivite et la parodontite reste mal connue. Certains facteurs, dits facteurs de risque, peuvent jouer des rôles dans la pathogenèse des maladies parodontales.Les maladies parodontales sont des lésions inflammatoires qui résultent d’une aggression bactérienne au niveau de l’espace gingivo-dentaire modulée par des facteurs immunologiques primaires. Il s’agit d’infections polymicrobiennes de type mixte, se distinguant de la flore compatible avec la santé parodontale par la prédominance des bactéries anaerobies gram négatif. La flore baterienne pouvait inclure des bactéries pathogènes opportunistes. A chaque forme clinique de parodontopathie semble correspondre un groupe spécifique de bactéries. Les facteurs de virulence des bactéries parodontales pathogènes peuvent être reparties en trois catégories: – ceux qui assurent la colonisation de l’espace parodontale de l’hôte – ceux qui interviennent dans le processus de destruction tissulaire et – ceux qui participent à la neutralisation des défenses immunitaires de l’hôte(14)
Etiologie des parodontopathies
Les maladies parodontales sont des maladies multifactorielles (9). On peut citer: a)- des facteurs déterminants: la plaque bactérienne est le facteur déterminant par excellence de maladie parodontale, à un degré moindre, la maladie générale intervient uniquement en diminuant la resistance face à l’agression locale. b)- des facteurs irritatifs directs: d’une manière passagère ou chronique(tartre, brossâge agressif, accident…) c)- des facteurs irritatifs indirects, agissant plus ou moins à distance (occlusion traumatisante, habitude dite vicieuse…) d)- des facteurs favorisant la formation de la plaque(brossâge inéfficace, absence d’hygiène orale…) e)- des facteurs de moindre résistance caractérisée par l’insuffisance de stimulation des tissus parodontaux (dent en sous occlusion ou sans antagoniste…) f)- des facteurs constitutionnels inhérents à la nature physique de la personne Thèse de doctorat en Chirurgie dentaire Université de Mahajanga 2006 Mis à part ces facteurs connus étre à l’origine des inflammations, les facteurs externes tels que le niveau de connaissance de la maladie, de la prévention, les attitudes et les habitudes de soins de santé y participent également. On parle de gingivite si l’inflammation est limitée au niveau de la gencive qui entoure la dent (15). Elle est caracterisée par la rougeur, le saignement provoqué ou spontané. Cliniquement on distingue deux types de gingivites: – gingivite bactérienne – gingivite tartrique La parodontite est une inflammation parodontale qui peut être aiguë, chronique ou évolutive. Les tissus gingivaux inflammés se désintègrent progressivement et aboutissent à la destruction de l’os alvéolaire; les dents deviennent alors mobiles après la mise à nue de leurs racines et elles finissent par tomber. Si les parodontopathies n’épargnent personne, il semblerait cependant, selon les études épidémiologiques récentes, que leurs formes les plus graves ne soient pas aussi répandues qu’on le pensait autrefois (16) Les mauvaises habitudes et le manque d’information constituent des facteurs qui mettent en danger la santé bucco-dentaire
Aspect épidémiologique des parodontopathies dans le monde
D’après des enquêtes épidémiologiques menées en Europe et en Amerique du Nord, la proportion d’individus porteurs de parodonte sain tourne autour de 10% (10). La prévalence de gingivite varie beaucoup allant de 9% à 95% pour les enfants et de 70% à 95% pour les adultes. Pour Bhat en 1991(18), Brown et al. en 1990, Hygoson et Jordan 1982(7), la gingivite touche 60% des adolescents et 40 à 50% des adultes. Dans les pays industrialisés, les adolescents présentent rarement de gingivite grave.
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