Concept d’organisation; organisation paysanne
Le concept d’organisation a retenu l’attention des chercheurs surtout des sociologues, des économistes, des gestiolmaires et des psychologues à travers l’histoire et l’évolution des connaissances. De ce fait, ce concept couvre plusieurs définitions qui varient selon l’angle sous lequel on l’appréhende. Dans ce travail, le concept «Organisation» est utilisé pour signifier toute forme d’organisation paysanne pouvant partir d’un simple groupement à vocation coopérative au niveau local à une fédération des organisations du même genre au niveau régional ou national. D’après le dictionnaire le Petit Larousse illustré (1998 :723), l’organisation est considérée comme étant « une action d’organiser, de structurer, d’arranger, ( … ) un groupement, une association en général d’une certaine ampleur, qui se propose des buts déterminés». CAZENEUVE Jean définit l’organisation comme étant «un arrangement d’ensemble ou une combinaison de plusieurs éléments de telle sorte que cet arrangement constitue une entité identifiable par ses caractères différents de la somme des caractères propres différents de la somme des éléments » (MUSUL, 2005). Dans cette définition, l’auteur met l’accent sur les aspects d’entité et de capacité de l’organisation, lesquels semblent attirer l’attention de plusieurs chercheurs. D’une façon générale, une organisation peut être définie comme « un tout complexe de gens et, ou de groupes qui, suivant les règles et les procédures communément acceptées, s’efforcent de réaliser un ou plusieurs objectifs préétablis» (SNV, 2001 : 13).
A ces définitions, LIVIAN (1995 : 7) apporte un élément clé de la coopération et définit l’organisation comme « une action organisée qui se concrétise en une réalité simple ou complexe impliquant la nécessaire coopération entre plusieurs individus qui vont réaliser ensemble quelque chose ( … ). La communication et l’interaction entre les acteurs suivant leur diversité s’imposent des procédures de coopération par voie de répartition des tâches, des normes de comportement, des règles de jeux ( … ) ». Selon les différentes définitions données, il peut se constituer des organisations pour différentes finalités mais requérant impérativement la contribution de plusieurs personnes. Il en découle que l’élément clé n’est ni les moyens matériels, ni l’ensemble des politiques et des procédures mais plutôt les personnes humaines en interactions. C’est ainsi que NKUBITO, dans l’approche du développement organisationnel, définit l’organisation comme « une entité sociale (donc de persormes) ayant des objectifs précis, une structure et des activités coordonnées et ayant un lien avec son envirolmement (PAl, 2001 ; 6) ». En combinant les dimensions de relations entre les membres et leur identité ainsi que leur mode d’union, DFID (Department For International Development) propose cette définition des organisations paysannes: «les organisations paysannes sont appréhendées comme des groupes de producteurs ruraux qui se sont mis ensemble pour fonder des organisations basées sur le principe de la liberté des membres afin de poursuivre des intérêts communs spécifiques, ainsi que la maintenance des relations avec les partenaires opérant dans leur environnement économique et institutionnel (MUNYANKUSI, 2004 :11)>>.
Concept de coopérative, coopérative agricole et développement agricole
• Définition du concept coopérative La coopérative a été définie par plusieurs auteurs et organismes; dans notre travail nous en présentons trois seulement: celle donnée par l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) et celle se référant à la loi régissant les sociétés coopératives au Rwanda ainsi que la définition donnée par le CFRC-IWACU. Selon l’ACI, « une coopérative est une association de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et leurs besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement ». La loi nOSO/2007 du 18/0912007 en son article 2 définit les sociétés coopératives comme étant « une personne morale dotée de la personnalité juridique, habilitée à intenter des poursuites judiciaires en faveur de son action, à conclure des contrats; ayant la capacité de détenir des biens meubles et immeubles de toute nature et pouvant mener toutes les autres opérations nécessaires et conformes à ses statuts» (J.O. n023.bis du 0111212007). Selon le CFRC-IWACU (1989 :6), « une coopérative est une association de personnes physiques ou morales qui, vivant dans la même zone d’action et ressentant des besoins communs, s’unissent librement et volontairement en vue d’améliorer leurs conditions de vie en fondant une entreprise économique dont ils deviennent en priorité propriétaires et usagers ». Pour ces trois définitions citées et d’autres non citées, les deux éléments clés à retenir sont : l ‘association des personnes et l ‘entreprise commune. Ceci pour dire qu’une coopérative est avant tout une organisation humaine et sociale qui s’appuie sur la coopération c’est-à-dire la conjugaison des efforts individuels et collectifs pour plus de solidarité. Selon le CFRC-IWACU, c’est sur base des relations d’entraide mutuelle que naissent les grandes organisations structurées et performantes. Le schéma structurel en 9 paliers ci- contre l’illustre :
• Principes et valeurs coopératives A travers le monde, les principes et les valeurs coopératifs sont à la base des organisations à vocation coopérative. Il convient de rappeler au préalable que la devise des organisations coopérative est: « Chacun pour tous» (ACI, 1995) ; chacun des membres est appelé à s’auto-suffire tout en servant aussi à autrui via l’entraide mutuelle. C’est une mise en commun des résultats dans une stratégie démocratique où l’individu reste libre. Cette devise traduit la valeur suprême de solidarité coopérative et de dépassement des intérêts individuels pour des intérêts communs. Cette vision fait d’une organisation coopérative une vraie communauté de production des biens ou des services au sens sociologique (ROCHER, 1973 :52). Les principes coopératifs même s’ils gardent à l’esprit la société de Rochdale (1844), ont évolué par multiples révisions et actualisations par les Assemblées Générales de l’ACL Les coopératives trouvent comme référence de base sept principes. Ces principes tels que adoptés par le 23ème congrès de l’ACI tenu à Viennes en 1966 (BIT, 1974 : 3) et reformulés lors du congrès de Manchester en 1995 (NJEUNI, et GBEDJISSOKP A, 1999 : 39-44) marquent la différence entre l’entreprise coopérative et les entreprises privées et s’énoncent comme suit: – Adhésion volontaire et ouverte à tous: l’affiliation à une coopérative est libre et volontaire ; les coopératives sont ouvertes à toutes personnes aptes à utiliser leurs services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce, sans distinction aucune et sans discrimination fondée sur le sexe, l’origine sociale, la race, l’appartenance politique ou confessionnelle. Ce principe est appelé aussi, celui de la porte ouverte.
Le concept de la pauvreté et du ménage agricole.
Le concept de la pauvreté est un concept qui n’est pas facile à circonscrire en une et une seule définition. La pauvreté est un phénomène complexe et multidimensionnel. Il est difficile de la définir et de l’analyser d’ une manière précise et irrévocable. En effet, plusieurs auteurs ont tenté de comprendre la signification et les composantes de la pauvreté et chacun la définit de sa façon selon l’angle et l’approche sous lesquels il l’aborde. De plus, la pauvreté varie selon le contexte, les milieux géographiques et les groupes sociaux. Elle peut se traduire par un malaise d’ordre social, psychologique ou économique. Alors que traditionnellement la pauvreté fut couramment associée au manque de possibilités d’accumulation de richesses économiques, d’accès à l’emploi et à la croissance de revenu; aujourd’hui elle s’étend sur d’ autres champs de la vie de la société comme la participation des citoyens à la vie politique et socioculturelle, aux mécanismes de prise des décisions qui les concernent et à l’égalité de chances sans distinction aucune (de sexe, d’appartenance ethnique, de race, de religion ou de statut social) (BM, 2000). Énoncer une définition unique, juste et précise de la pauvreté qui tiendrait compte de tous ces facteurs déterminés (âge, sexe, ethnie, langue, religion, l’éducation, la profession, le lieu de résidence, degré de participation aux activités valorisants, etc.) et déterminants (insuffisance de la demande, disparités régionales, caractéristiques sociodémographiques, etc.) constitue un exercice hardi ou même pratiquement impossible. Le problème de la pauvreté a suscité bien des débats et plusieurs remises en cause. Encore aujourd’hui, il n’y a toujours pas de consensus sur sa définition.
Néanmoins, malgré de nombreuses controverses, la majorité des auteurs s’accordent pour affirmer que la pauvreté est attribuable à une insuffisance de ressources par rapport aux besoins à satisfaire; ressources qui sont indispensables au développement et à l’épanouissement total de l’être humain. La pauvreté se caractérise par un profond dénuement, un manque aigu de bien-être (BM, 2000 : 19). Vivre dans la pauvreté, c’est vivre dans un état de dénuement matériel (mesuré selon un critère approprié de revenu ou de consommation), mais également de niveau d’éducation et de santé insuffisant. La situation de la pauvreté, en soi difficile à vivre risque de s’empirer lorsqu’au dénuement matériel accompagné du manque d’instruction et de santé se greffe la précarité. Toutes ces différentes formes d’absence de biens essentiels limitent considérablement ce qu’ Amartya Sen décrit comme « les capacités dont dispose l’individu c’est-à-dire les libertés fondamentales qui lui permettent de mener le genre d’existence auquel il ou elle aspire» (SEN, 1999 : 87). Les pauvres sont donc des individus qui ne sont pas capables de jouir des libertés essentielles d’action et de choix que l’on tiendrait généralement pour acquises. Beaucoup d’entre eux ne peuvent pas se nourrir, se loger, s’éduquer ni se soigner convenablement et n’ont par conséquent aucune possibilité d’ épanouissement personnel. Ils sont extrêmement exposés aux maladies, aux bouleversements économiques et aux catastrophes naturelles. Souvent, ils sont mêmes maltraités par les institutions de l’État et de la société et n’ont aucune influence sur les grandes décisions qui modèlent leur existence. Il n’est donc pas étonnant de rencontrer dans les récits de la tradition rwandaise les proverbes, adages et expressions qui dénotent les valeurs de cette réalité de manque de considération des pauvres dans la société. De plus, la pauvreté semble engendrer encore la pauvreté pour la génération suivante.
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS |