La cryptosporidiose chez les ruminants

Cours la cryptosporidiose chez les ruminants, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Épidémiologie analytique

Sources de parasites

Les jeunes ruminants

Les jeunes animaux infectés du troupeau sont les sources principales de cryptosporidies. Ils rejettent des oocystes dans leurs fèces en grande quantité, en particulier pendant la deuxième semaine de leur existence. Dans la majorité des cas, l’excrétion d’oocystes est concomitante de l’épisode de diarrhée. Cela étant, l’excrétion d’oocystes a aussi été démontrée hors épisode de diarrhée, avdesc prévalences importantes (FAYER, 2004).
SANTIN et al. (2008) ont montré dans un élevage de vaches laitières dans le Maryland que la prévalence d’excrétion d’oocystes de C. parvum est plus importante chez les veaux avant le sevrage (1 à 8 semaine d’âge) que po ur des veaux après le sevrage ( 3 à 12 semaines d’âge) et que pour des génisses entre 1 et 2 ans (figure 20). Des résultats similaires avaient été trouvés par SANTINet al. en 2004 chez des bovins de 15 fermes laitières de la côte Est des États-Unis avec une prévalence de 35,5 % chez les 5 jours-8 semaines et de 19,7% chez les 3 mois-11 mois.
Figure 20: Prévalence d’excrétion d’oocystes deCryptosporidium par tranche d’âge dans un élevage de bovins laitiers (Adapté de SANTINet al., 2008).
De plus, SANTIN et al. ont montré en 2004 que C. parvum était l’espèce présente dans 85% des cas chez les moins de 2 mois, et dans seulement 1% des cas chez les 3 mois-11 mois. Plus tard, dans l’étude de 2008, ils ont déterminé la répartition des différentes espèces de Cryptosporidium dans 3 classes d’âge de jeunes bovin. Les résultats figurent sur la figure 21. Les autres espèces retrouvées étaientC. andersoni, C. bovis et C. ryanae; leur potentiel zoonotique ainsi que les signes cliniques qu’ils engendrent sont bien moindres (SANTIN et al., 2004).
Figure 21: Pourcentage de représentation de différentes espèc de Cryptosporidium selon l’âge des bovins infectés (Adapté de SANTINet al., 2008).
Ainsi, quand on dit que ce sont les jeunes animaux la source la plus importante d’oocystes, c’est à plus forte raison les jeunes an imaux avant le sevrage, comme le montrent les figures 19 et 20, car on voit non seulement que la prévalence est plus élevée chez les jeunes en pré-sevrage, mais que ce sont ces derniers qui sont touchés par la principale espèce d’intérêt en médecines vétérinaire et humaine, à voirsa C. parvum. Ces résultats sont en accord avec ceux de multiples autres études similaires réalisées à travers le monde.
En ce qui concerne la quantité d’oocystes excrétés,elle varie fortement d’un individu à l’autre. Des expériences ont montré que des veaux nfectési par 10 oocystes excrètent 10 à 1010 oocystes pendant 7 à 10 jours (FAYER, 2004).
Le niveau d’excrétion moyen pour un veau infecté etclinique est de 107. D’autres études on montré un taux d’excrétion journalière chez des veaux allant de 4.102 à 4.10 7 oocystes par gramme de fèces (FAYER et al., 1998).
D’après CHARTIER (2002), c’est environ 10 milliards d’oocystes qui sont excrétés par les agneaux pendant la période pré-patente. SMITH et NICHOLS (2010) citent des taux d’excrétion de plus de 109 d’oocystes par jour pendant 14 jours pour des agneaux infectés expérimentalement selon une source, et de 4,8.10 oocystes par gramme de fèces en moyenne selon une autre source.
Chez des animaux immunocompétents, la période patente, c’est-à-dire le temps pendant lequel des oocystes sont excrétés, peut durer de une à plusieurs semaines. Elle est de 6 à 9 jours le plus souvent. L’excrétion peut devenir intermittente sur la fin (FAYER et al., 1998 ; CHARTIER, 2002).

Les ruminants adultes

Les animaux adultes peuvent également transmettre le parasite à leur progéniture lorsqu’ils sont porteurs. Ces animaux peuvent aussi avoir un rôle de réservoir puisqu’ils excrètent de façon continue, et participent donc à la pérennisation de l’infection dans les élevages (PAOLETTI, 2002).
L’existence d’une transmission in utero chez les bovins a été suggérée car des veaux retirés de sous leur mère immédiatement après la naissance et mis dans des locaux extrêmement bien désinfectés ont quand même développé la maladie (FAYER, 2004).
Chez les bovins adultes, chez qui la prévalence de C. parvum peut parfois atteindre 100%, le niveau d’excrétion est plus bas, de 900 à 18000 œufs par gramme de fèces. Aucune variation d’excrétion liée à la mise-bas n’a été mise en évidence et le lien épidémiologique avec la cryptosporidiose des veaux n’est pas établi mais fortement suspecté (CHARTIER et PARAUD, 2010).
Chez les adultes, l’espèce la plus souvent retrouvé est C. andersoni (SANTIN et al., 2008).
Chez la brebis, l’excrétion d’oocystes de C. parvum ne se produit qu’au moment de la mise bas ; elle est indécelable en dehors de cettepériode (CHARTIER et PARAUD, 2010).
Enfin, chez les caprins, les seules données connues montrent une excrétion résiduelle chez des animaux âgés de 12 mois (CHARTIER et PARAUD, 2010).

Les autres espèces animales

Il semble qu’on puisse avoir une transmission inter espèces, par le biais des fèces. Ainsi, on sait que C. parvum est transmissible à de nombreuses espèces, notamment les rongeurs, les chevaux et les hommes (RADOSTITS et al., 2007) ; il est donc évident que ces derniers participent aussi à la propagation de l’ag ent pathogène au sein d’un élevage.
De plus, nous avons vu que certains animaux peuvent jouer le rôle de transporteurs passifs, comme les mouches, certains organismes microscopiques nommés rotifères, et certains oiseaux migrateurs (FAYER et al., 2000).

L’eau

Les cas de cryptosporidiose ayant une origine hydrique sont fréquents dans l’espèce humaine, nous allons le voir plus tard. Ainsi, on peut supposer que des cas dus à une consommation d’eau contaminée peuvent exister chez les ruminants, même si ce problème n’a pas été étudié en profondeur.
La source principale de contamination, quelle que soit l’espèce, sont donc les animaux en pré-sevrage. Ces derniers excrètent des quantités très importantes d’oocystes. Les animaux adultes ou d’autres animaux, notamment des rongeurs, peuvent également être des sources, mais dans une moindre mesure étant donné les niveaux d’excrétion plus bas ; ils représentent cependant une source d’infection continue.

Modes d’infection

L’infection se fait principalement par voie oro-fécale, par ingestion d’oocystes, qui sont directement infectants dès leur rejet dans les fèces. Ces oocystes peuvent être présent sur le pelage, dans les aliments ou l’eau souillée. Dans les étables, la transmission se fait principalement par passage de jeune ruminant infecté à jeune ruminant soit directement, soit via divers substrats souillés (murs, sols, cornadis…). La résistance élevée des ookystes évoquée précédemment joue alors un rôle importantansd la transmission indirecte (FAYER et al., 2000).
Il semblerait que la dose infectante soit très basse chez les très jeunes ruminants, comme le suggère FAYER en 2004, aux vues du fait que des veaux nouveaux nés mis juste après leur naissance dans des pièces nettoyées et ésinfectées,d se sont mis à excréter des oocystes en 3 jours. Ceci peut également suggérerune infestation in utero. D’autres études citées par RADOSTITS et al. (2007) sur des agneaux ont indiqué qu’un oocyste unique pouvait être suffisant à l’infection. Le cycle particulièrement « explosif » de C. parvum permet d’amplifier rapidement et de façon important e une dose infectieuse initialement infime.

Causes favorisantes

Le parasite est présent dans de nombreux élevages,mais ce n’est pas pour autant que des cas cliniques de cryptosporidiose aiguë vont se déclarer dans tous ces élevages annuellement. Il existe de nombreux facteurs de risque qui vont avoir un rôle dans l’apparition de la maladie.
On peut par exemple citer un facteur important qui est l’hygiène générale, qui comprend notamment la densité d’animaux, la fréquence et la qualité du paillage et des sessions de nettoyage-désinfection, la propreté et la qualité de l’alimentation et de l’eau, l’existence ou non de mélanges d’animaux d’âges ou d’espèces différentes, la maîtrise des populations de nuisibles, le statut en oligo-éléments notamment lesélénium (CHARTIER et PARAUD, 2010 ; Rapport AFSSA, 2002).
Il est intéressant de noter que la prévalence de lacryptosporidiose « maladie », est plus importante chez les veaux laitiers que chez les veaux à viande, la raison supposée étant le mode d’élevage, ce qui correspond bien, dans la majorité des cas, aux facteurs de risques cités ci-dessus (densité animale, intensification, prise colostrale). D’autres auteurs ont au contraire mis en évidence une prévalence plus forte chez lesveaux élevés sous la mère donc de races allaitante. La transmission serait facilitée d’après l’auteur par les nombreux contacts entre animaux: d’un veau à l’autre directement quand les animaux sont en stabulation libre ou d’une mère à son veau par des pis souillés, par des fèces contaminés (PAOLETTI, 2002 ; CHARTIER et PARAUD, 2010).
En outre, de nombreuses études s’accordent à dire que la prévalence de la maladie est plus importante en fin de saison de mise bas, ce qui correspond aussi généralement à une augmentation des facteurs de risques cités ci-dessu. Dans les espèces caprines et ovines, le regroupement des mises bas sur 2 à 3 mois est un fa cteur de risque important, car il entraîne une augmentation soudaine de la densité d’animaux, ainsi qu’une diminution des soins prodigués et de la qualité de ces soins (Rapport AFSSA, 2002 ; CHARTIER et PARAUD, 2010).
Une influence de la saison a été soulevée par de nombreux auteurs, mais il semblerait que ce soit plus le nombre d’animaux jeunes présents en grande quantité à certaines époques de l’année qui soient à l’origine d’une variation saisonnière plus que l’influence de la saison et donc des températures, de l’humidité eux-mêmesPAOLETTI,( 2002).
Pour illustration, CASTRO-HERMIDA et al. (2002) dans une étude sur des veaux en Galice ont mis en évidence que le risque d’avoir la cryptosporidiose dans une ferme où les veaux sont élevés sur de la paille ou sur un sol enterre battue était 66% plus élevé que dans les fermes où les veaux étaient élevés sur du béton. Ils ont également remarqué que le type de nettoyage était étroitement lié au type de sol, à avoirs que les sols en béton étaient nettoyés à l’eau et les autres types de sols étaient curés. De la même manière, les veaux dont les cases étaient nettoyées une fois par mois avaient 2 fois plus de risque de contracter la maladie que des veaux dont les cases étaient nettoyées tous les jours. La désinfection des sols s’est aussi montré une variable importante car les veaux dont les cases n’étaient pas désinfectées avaient 62% de risque en plus d’être infectés.

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